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Allocution de Madame la Cheffe du Gouvernement à la clôture du Forum Économique de la Francophonie, 21 novembre 2022

Publié le 22.11.2022

Mesdames et Messieurs les Ministres

Mesdames et Messieurs les représentants des milieux diplomatiques et économiques,

Distingués invités,

Chers amis,

Bienvenue à ceux qui viennent de loin parmi nous en cette ile de Djerba, terre des rêves, ile de la tolérance, de rencontre et symbole de co-existence. Autant de valeurs qui constituent les fondements de notre espace francophone.

Je voudrais vous dire merci d’être venus à nous, nous qui vous attendions et vous espérions.

Merci de vous être prêtés à la forme la plus aboutie de la connectivité que sont le dialogue, la conversation et le partage. Aujourd’hui et durant ces deux jours, vous l’avez prouvé, la francophonie peut devenir un vaste marché, un flux d’échange et de transfert de savoir, un réseau de partenariat, des choix d’alliance et de complémentarité économique mais surtout une responsabilité partagée.

Je me réjouis d’être parmi vous, pour la clôture des travaux du Forum Économique de la Francophonie, le premier en son genre, événement- phare de l’agenda du 18ème Sommet de la Francophonie, et qui se tient sous le thème « Pour une croissance partagée dans l’espace francophone ».

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Mesdames et Messieurs,

L’espace francophone avait été décrit, par feu le Président Habib Bourguiba, l’un des pères fondateurs de la Francophonie, comme « cet empire de l’esprit et de l’intelligence sur lequel le soleil ne se couche jamais ».

La Francophonie continue à représenter ce vaste espace porté par une langue partagée et par cette mosaïque culturelle riche de ses références et de sa diversité. Et elle se traduit, aujourd’hui, et également, en termes économiques par cette ambition de constituer un véritable levier pour une solidarité renforcée, une prospérité partagée et une résilience dans notre espace, en ligne avec l’objectif de la Stratégie économique de la Francophonie pour la période 2020-2025.

Les assises de notre Forum mettent en exergue les grandes opportunités économiques offertes par la Francophonie, auxquelles s’ajoutent des perspectives certainement prometteuses de partage de connaissance, de transfert technologique et de savoir-faire.

Djerba doit ainsi être également une nouvelle étape d’une dynamique économique et d’une trajectoire de transformation renouvelées et innovantes, telle que nous l’ambitionnons tous.

Face aux défis inédits et aux enjeux complexes auxquels notre famille francophone est aujourd’hui confrontée, la dimension économique apparaît, plus que jamais, comme un pilier central pour assurer la croissance partagée et le bien-être de nos populations, et ce pour préserver les droits et les champs des possibles de nos générations futures.

Je pense, en particulier, aux enjeux liés au développement, à la croissance socio-économique inclusive, à la transition énergétique, à la transition numérique mais également à la sécurité alimentaire et hydrique.

En ces temps de crises, le capital humain dont regorge notre espace francophone représente à la fois une immense opportunité et un défi ultime pour notre action publique.

Et c’est parce que nous sommes tous redevables devant nos concitoyens et en particulier devant nos jeunes, que nous sommes appelés, plus que jamais, à mutualiser nos efforts et à agir ensemble, dans un esprit de responsabilité collective.

Mesdames et Messieurs,

Je suis convaincue que les discussions constructives qui ont émaillé ce forum vous ont permis de mesurer, à leur juste valeur, ces enjeux, et d’engager une réflexion commune sur les moyens à même de forger de nouvelles synergies et d’asseoir les fondements de partenariats plus solides et durables, aussi bien privé-privé que public-privé.

Vos recommandations ont été aussi nombreuses que pertinentes et nous ne manquerons pas de faire le suivi qui se doit pour leur mise en œuvre.

Je voudrais insister, en particulier, sur la nécessité de focaliser notre action sur une intégration plus poussée de nos chaines de valeur, en vue de fluidifier nos échanges et sécuriser nos besoins dans de nombreux secteurs stratégiques.

La croissance économique de notre espace francophone doit aussi être davantage portée par des secteurs innovants et à forte valeur ajoutée qui ne manqueront pas de renforcer notre positionnement dans l’échiquier économique mondial.

Mesdames et Messieurs,

Les différentes crises de ces dernières années ont permis de remettre au centres des préoccupations de nos économies la sécurité alimentaire et énergétique dans les perspectives des objectifs du développement durable 2030 tenant compte des changements climatiques.

Dans ce cadre, il est important de restructurer les politiques agricoles et industrielles pour repenser nos économies en harmonie avec ces nouveaux paradigmes.

Pour réaliser et concrétiser tous ces défis, la coopération internationale, multilatérale et notamment le partage des bonnes pratiques et le transfert de technologies sont indispensables dans l’espace francophone.

Mesdames et Messieurs,

La dimension numérique mérite, à mon sens, une attention particulière. La connectivité offrira, une ouverture sur de nouveaux horizons et permettra à nos jeunes, sans discrimination aucune, de mettre en synergie leurs potentiels et de développer leurs idées innovantes, leurs projets, entreprises et start-up en réseau.

Notre devoir est de lutter contre la fracture numérique en renforçant l’accès aux technologies à toutes les catégories de nos populations. Le numérique deviendra ainsi le levier de mise à l’échelle de nos projets dans l’espace francophone.

Afin de concrétiser ces ambitions, nous sommes appelés à créer des plateformes numériques communes, une sorte de « Zone franche d’innovation », qui permettrait l’édification de réseaux d’échange et d’entrepreneuriat pour promouvoir la mobilité des services au sein de notre espace commun.

Nous devons également lever tous les freins à la mobilité et œuvrer davantage pour un partenariat circulaire. Il n’est plus tolérable et admis que nos jeunes, nos entrepreneurs, nos chercheurs, nos artistes qui sont les artisans de cette dynamique renouvelée soient empêchés d’agir.

Et je saisis cette occasion pour saluer l’immense talent et la créativité de notre jeunesse tunisienne qui s’illustre par ces prix et qui s’illustre également au niveau du village tunisien francophone que je vous invite à visiter. Dans le secteur digital, notre pays peut être fier de ses ingénieurs, de ses développeurs et toutes celles et ceux qui contribuent massivement et activement à son développement à l’échelle nationale et au niveau mondial.

Mesdames et Messieurs,

La Tunisie est une terre de rencontres, sa position géographique au cœur de la Méditerranée, notre mare nostrum, lui a fait longtemps jouer le rôle, de trait d’union entre les deux rives, entre le Nord et le Sud, l’Europe et l’Afrique, alliant en un cercle vertueux Phéniciens, Arabes, Berbères, Espagnols, Turcs ou Crétois.

Mais cette mer qui nous unit ne doit plus être la mer de tous les dangers pour ceux qui partent pensant que l’herbe est plus verte ailleurs. Elle ne devrait pas être non plus la mer de toutes les souffrances pour celles et ceux qui restent derrière eux. Nous devons donc œuvrer ensemble pour offrir à nos jeunesses l’avenir qu’elles méritent. Permettre l’avenir c’est sécuriser l’accès pour toutes et tous à une éducation de qualité, garantir l’employabilité qui permet de préserver la dignité de chacune et de chacun.

La dynamique démographique africaine va faire doubler d’ici 2050 la population francophone. Il nous appartient de transformer l’essai : Ce continent jeune constitue une extraordinaire opportunité de développement à condition que nous soyons capables de lui donner les moyens de son développement en termes d’éducation, de santé, de formation professionnelle et de renforcement des compétences.

Nous avons la semaine dernière à Dar Dhiéfa, à Carthage tenu les premières assises de l’innovation pour dynamiser l’écosystème de l’entreprenariat et des startups et des entreprises innovantes sociales, solidaires et populaires. Ces assises ont une fois de plus rappelé l’immense talent de notre jeunesse. Nous travaillons avec eux à la libéralisation des initiatives et à la transformation de notre économie.

Dans ce contexte, je me réjouis de l’émergence des premières startups licornes de l’Afrique et celles qui sont en bonne voie de l’être. Permettez de citer quelques une : l’entreprise nigériane Jumia avec ses 5 000 employés ou encore notre champion national de l’intelligence artificielle Instadeep et beaucoup d’autres, il me faudrait plus qu’un discours pour les citer toutes et les célébrer.

Pour généraliser ces belles réussites, ces pépites précieuses, nous devons régler la question du financement. Nous devons développer des mécanismes de financement innovants au profit des opérateurs numériques francophones, y compris au sein de nos universités, centres de recherche et technopark.

J’ai eu le plaisir d’animer hier une table autour de la connectivité où il y avait autour de la table où il y avait les premiers dirigeants du Niger, du Canada, de Madagascar, de la Mauritanie et de la Moldavie et permettez-moi de faire l’écho de leurs recommandations : tout d’abord la création d’un fond de fond francophone pour les jeunes pousses (startups) dans le domaine du numérique. Et je suis très heureuse que cette proposition, qui est la nôtre, ait été acceptée à l’unanimité par le monde francophone. J’ai également promis de faire le plaidoyer francophone pour une nouvelle régulation internationale des flux de données : les pays en développement ou en voie de l’être devraient cesser d’être de simples fournisseurs de données pour l’intelligence artificielle pour devenir des acteurs dans le domaine. Il y aussi d’autres recommandations. J’aurais l’occasion une autre fois de vous en faire part.

Mesdames et Messieurs,

Forte du potentiel que lui offrent son emplacement géographique, la qualité de ses infrastructures, son capital humain, son expertise capitalisée ainsi que l’attractivité de son écosystème multisectoriel, la Tunisie n’a eu de cesse de contribuer activement et de concert avec ses partenaires francophones, à la concrétisation de nos objectifs francophones communs.

Je vous invite, à cet égard, à saisir les opportunités dont recèle la « Terre Tunisie » en vue de développer des partenariats économiques agissants et générateurs de richesses partagées et de croissance durable au sein de notre espace francophone.

J’encourage, également, l’exploration de nouvelles opportunités dans le secteur du numérique en Tunisie et ce, à la faveur de notre socle de compétences confirmées et du savoir-faire reconnu à l’échelle internationale. Hub régional ou relais de croissance, la Tunisie assumera pleinement ce rôle.

Mes derniers mots, Mesdames et Messieurs, seront pour les femmes tunisiennes et pour notre jeunesse talentueuse, qu’elle soit col bleu ou col blanc où qu’ils soient, en Tunisie ou ailleurs. Ils ont démontré dans toutes les étapes de la vie de notre pays leur capacité à créer de la valeur, à faire preuve de résilience et à porter dans les moments les plus difficiles des perspectives d’espoir.

Je voudrais remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à la réussite de ce forum, et en particulier à la Foreign Investment Promotion Agency (FIPA) , à la chambre de commerce et de l’industrie de Tunis, à l’UTICA et au Ministère des Affaires Etrangères. Je voudrais aussi remercier l’engagement du patronat francophone et en particulier l’alliance du Patronat francophone initié à Tunis. Que de chemin parcouru depuis mars dernier ! Je souhaite une excellente continuation et le meilleur à cette alliance avec de nouvelles opportunités de collaboration et de partenariat.

Mesdames et Messieurs,

La Tunisie n’a pas dit son dernier mot, Non.

Elle plie parfois sous l’orage mais ne rompt jamais.

Forte de ses héritages, puissante de ses femmes et ses hommes courages qui n’hésitent jamais à monter au front, riche de cette jeunesse qui ne demande qu’à œuvrer à des lendemains meilleurs, la Tunisie s’engage dans cette architecture mondiale qui est la francophonie, celle de la langue, de l’éducation, de la pensée, de l’économie, de la connectivité, d’un partage plus équitable des richesses, d’une plus grande justice sociale et solidaire qui se décline sous toutes ses formes, d’une conscience partagée des grands risques et d’une volonté affirmée de les affronter ensemble.

Bon retour à tous ceux qui sont venus de loin et comme on dit en Afrique : je vous donne la route. Et comme on dit en Mauritanie, je vous donne quelques fourmis.

Je vous remercie.